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Une découverte inattendue. Sous le marché, des vestiges refont surface, révélant un lieu caché depuis des siècles. Qu’ont-ils trouvé parmi les îles artificielles, les temples et les quartiers perdus ?

Au cœur de Mexico, dans une zone traversée chaque jour par des milliers de personnes, les archéologues ont découvert quelque chose qui dormait sous le béton depuis plus de cinq siècles. Les couches de modernité ont cédé et un monde différent a commencé à refaire surface : celui des Tlatelolcas, un peuple qui a donné naissance à l’une des villes jumelles les plus puissantes de l’époque préhispanique.

Où la découverte a-t-elle eu lieu ?

Les travaux ont été menés dans le quartier de La Lagunilla, l’un des quartiers populaires et les plus anciens du centre historique. Le site exact de l’intervention se trouve dans la zone de l’Eje Central Lázaro Cárdenas, dans la colonie Guerrero, à quelques centaines de mètres de la Zona Archeológica de Tlatelolco.

C’est là que, lors d’une opération de sauvetage archéologique, une maison préhispanique intacte a été mise au jour sous plusieurs mètres de sol stratifié.

Une maison qui raconte trois phases de vie

Les archéologues ont identifié 24 couches argileuses qui documentent trois moments distincts.

Première phase

Des fragments de céramique indiquaient une présence minimale, peut-être des groupes pauvres ou des noyaux provisoires.

Deuxième phase

Une véritable unité domestique tlatelolca apparaît.

Des murs, des sols, un tlecuil en pierre, de la vaisselle et des outils d’usage quotidien. Un environnement ordonné, vécu, stable.

La maison devient également un lieu funéraire. Trois sépultures ont été découvertes : un nourrisson, un nouveau-né et un adolescent, en partie dépourvus de crâne. Les experts vérifieront si cette absence est rituelle ou due à la détérioration.

Parmi les objets retrouvés, on remarque des céramiques Azteca III, des lames d’obsidienne, des figurines, des ustensiles domestiques et un sceau à l’effigie d’un giffone, symbole lié au dieu du vent Ehécatl.

Tous ces détails indiquent une famille de classe moyenne, ni pauvre ni noble.

Qui étaient les Tlatelolcas

Les Tlatelolcas appartenaient à la grande famille mexica.

Ils étaient les habitants de México-Tlatelolco, la ville jumelle de Tenochtitlán. Selon la tradition, ils se sont séparés des Tenochcas et ont fondé leur propre royaume sur l’îlot nord du lac Texcoco.

Ils étaient des commerçants très puissants. Leur marché, le célèbre tianguis de Tlatelolco, était le centre économique le plus important de la vallée. Des marchands venaient de régions lointaines pour y apporter du cacao, des jades, des plumes de quetzal, des métaux et des tissus.

La ville tomba en 1521, après la chute de l’empire mexica, mais continua à vivre comme centre indigène pendant la période coloniale.

À quoi ressemblait l’endroit avant la ville moderne

La zone aujourd’hui occupée par La Lagunilla était, à l’époque préhispanique, une zone très différente.

Elle faisait partie de la couronne habitée qui entourait l’îlot de Tlatelolco. Ce n’était pas une zone lacustre, comme on l’imaginait souvent. La découverte n’a pas montré de lit lacustre, le sédiment typique des fonds marins.

Cela signifie qu’il y avait ici de la terre ferme, construite et habitée de manière permanente.

Une géographie hybride, mi-solide mi-aquatique, essentielle pour comprendre comment vivaient les Mexicas.

Et ce qu’il est devenu après la conquête

Avec l’arrivée des Espagnols, la région a complètement changé.

L’ancienne Tlatelolco est devenue un quartier indigène contrôlé par les Franciscains. De nombreux espaces ont été assainis et comblés. Les zones qui entouraient l’ancien marché se sont transformées en quartiers artisanaux, comme Atezcapan et l’actuel Lagunilla.

Au fil des siècles, l’endroit est devenu l’un des marchés les plus animés de la ville, avec des boutiques, des commerces, des habitations et des entrepôts.

L’histoire du lieu est restée enfouie sous des couches de rénovations, de constructions coloniales et enfin d’interventions modernes.

Ce n’est qu’aujourd’hui, en grattant le sol, que la voix de ceux qui l’ont habité en premier refait surface.

Une découverte qui redessine une carte perdue

La maison retrouvée permet aux chercheurs de redéfinir les frontières de l’ancien îlot de Tlatelolco, montrant que l’agglomération s’étendait plus à l’ouest et plus au sud que ne l’indiquaient de nombreuses reconstructions traditionnelles.

Et surtout, une certitude émerge.

Sous les quartiers les plus animés de la capitale sommeille encore une ville invisible, faite de maisons, de foyers et d’enfants enterrés avec des objets qui témoignent d’affection et de foi.

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