Alexandre le Grand (356-323 av. J.-C.), le conquérant de l’Asie, affirmait qu’« aucune forteresse n’est si imprenable qu’un mulet chargé d’or ne puisse y pénétrer ». Plus de 2 000 ans plus tard, l’or reste, et plus que jamais, une référence en matière de richesse et de sécurité en cette période d’incertitude. Ces derniers mois, on a assisté à une sorte de nouvelle ruée vers l’or, qui pourrait se poursuivre dans un avenir proche. Ce n’est un secret pour personne, et l’intérêt pour le métal précieux a fait monter son prix de plus de 50 % depuis le début de l’année. Ce qui est moins connu, c’est que cette hausse est due en grande partie à l’intérêt des banques centrales d’une grande partie du monde pour ce minerai et à leurs achats sans précédent.
La nouvelle ruée vers l’or : pourquoi les banques centrales achètent-elles des tonnes d’or ?

Les experts parlent d’acquisitions « officielles » et « non officielles ». Les premières ont dépassé en 2024, pour la troisième année consécutive, les 1 000 tonnes, un chiffre qui sera à nouveau dépassé en 2025. Les « non officielles » seraient beaucoup plus importantes et seraient menées par la Banque de Chine qui, comme beaucoup de ces institutions, ne révèle pas les montants exacts – parfois même approximatifs – qu’elle détient. Tout indique que les banques centrales envisagent d’augmenter leurs réserves d’or dans les mois et les années à venir, compte tenu des incertitudes qui pèsent sur l’inflation, la stabilité financière et les doutes quant à la solvabilité. Le problème réside dans la dette publique mondiale, qui dépasse les 100 000 milliards d’euros et est soumise à d’énormes fluctuations de prix, voire, en dernier ressort, à des défauts de paiement. En définitive, les banques centrales savent que la monnaie fiduciaire – sans aucune garantie réelle – est un actif à risque, de plus en plus important. L’or, en revanche, même s’il subit des fluctuations de prix – qui peuvent être importantes –, n’est pas soumis au risque de défaut de paiement et ne dépend ni des banques centrales ni, bien sûr, des gouvernements, qui sont les moteurs de la dette. En fin de compte, la dette publique n’est rien d’autre qu’une émission de monnaie qui, plus elle est importante, plus elle perd de valeur, car elle génère de l’inflation, qui est une autre façon – plus sournoise – de ne pas payer ses dettes.
