À ce stade de l’année, personne ne devrait être surpris d’apprendre que l’argent enregistre l’une de ses meilleures performances haussières de l’histoire. Ce n’est pas un hasard si sa forte revalorisation s’est maintenue tout au long de l’année. Il est toutefois remarquable que, cette semaine, le prix de l’once de ce métal ait doublé par rapport à son cours de départ en 2025, soulignant une fois de plus la vigueur de la tendance haussière de ce métal par rapport à d’autres matières premières similaires, comme l’or, qui s’est apprécié de 40 % depuis janvier.
La « bulle spéculative » a beaucoup à voir avec ce comportement. C’est ce qu’explique Carsten Menke, directeur de la recherche Next Generation chez Julius Baer, qui souligne que le métal a accumulé une hausse de plus de 20 % depuis début novembre. « C’est la première fois que les prix de l’argent pourraient doubler depuis 1979 », affirme-t-il.
L’établissement suisse souligne que « l’ajout de l’argent à la liste des métaux critiques aux États-Unis et les attentes croissantes d’une nouvelle baisse des taux d’intérêt par la Réserve fédérale » sont deux facteurs qui pourraient favoriser la reprise de la hausse.
« L’argent connaît une évolution explosive : des sommets historiques, des stocks en baisse à Shanghai et un marché qui anticipe des baisses de taux aux États-Unis », souligne Sergio Ávila, d’IG, qui rappelle qu’il s’agit d’un métal à forte composante industrielle lié à la transition énergétique, solaire et électronique. « Une offre visiblement moindre et une demande structurelle en hausse constituent une combinaison très puissante », résume l’expert.
En effet, contrairement à l’or, l’argent ne brille pas seulement par tradition ou parce qu’il constitue une valeur refuge : il brille parce qu’il est nécessaire. Son rôle dans la nouvelle économie énergétique est irremplaçable, car il est présent dans les panneaux solaires, les semi-conducteurs, les scalpels de précision, les batteries… Le Silver Institute avertit que le déficit de l’offre d’argent industriel s’accumule depuis cinq années consécutives, ce qui accentue encore la tension sur son prix à un moment où l’offre ne peut pas suivre la demande de cette nouvelle ère technologique.
Attention, investisseurs

« L’argent est connu pour ses fortes et rapides fluctuations de prix », avertissent les sources du marché. « À ces prix, le risque est que la volatilité augmente et que nous assistions à de fortes fluctuations dès que les données macroéconomiques seront meilleures que prévu », ajoutent-ils chez IG.
En effet, personne n’ignore que l’once de cette matière première a enregistré une hausse de plus de 20 % depuis début novembre. Et encore moins qu’elle enregistre sa plus forte hausse en près de 50 ans.
« La réaction des prix semble excessive, même si, dans l’ensemble, nous observons un contexte fondamental favorable à l’argent », soulignent les responsables de l’établissement suisse, qui précisent que l’argent est désormais un « métal menacé de pénurie structurelle ».
Quoi qu’il en soit, le comportement de l’argent a exacerbé son écart par rapport au métal précieux par excellence, l’or, dont la revalorisation supérieure à 40 % semble désormais moindre, même si elle reste l’une des plus importantes des 46 dernières années
« Le marché haussier de l’or a commencé avec le changement de comportement des banques centrales des marchés émergents après le gel des réserves russes par l’Occident en 2022 », explique Giordano Lombardo, cofondateur, directeur général et codirecteur des investissements de Plenisfer Investments, filiale de Generali Investments, qui souligne que cela a catalysé un mouvement à long terme qui s’est éloigné des bons du Trésor américain pour se tourner vers l’or comme actif de réserve, en particulier pour les pays qui ne sont pas alignés sur le bloc occidental.

