La nuit de demain, jeudi 4 décembre, ne passera pas inaperçue pour quiconque regardera le ciel. La dernière pleine lune de l’année clôturera le calendrier astronomique avec un événement qui ne se reproduira probablement pas avant des décennies. Les services astronomiques internationaux ont déjà annoncé que la pleine lune de décembre, également appelée lune froide dans l’hémisphère nord, sera la super lune la plus extrême de la période 2025-2026 et la dernière présentant ces caractéristiques jusqu’en 2042. L’ampleur du phénomène combine trois facteurs qui coïncident rarement : un périgée très proche, une luminosité inhabituelle et une position extrême dans le cycle lunaire de 18,6 ans connu sous le nom de « standstill ».
À quelle heure observer la super lune de décembre

La Lune froide de décembre sera la dernière super lune extrême jusqu’en 2042, un phénomène qui combine périgée, luminosité inhabituelle et positions orbitales uniques
Cependant, vous pouvez également en profiter dès aujourd’hui, car la lune sera pratiquement pleine dès ce soir et jusqu’à vendredi.
Elle apparaîtra à basse altitude, avec des teintes dorées ou rougeâtres dues à la réfraction atmosphérique, et offrira une taille apparente plus grande que d’habitude grâce à l’illusion lunaire.
Dans l’hémisphère nord, en revanche, elle sera très haute dans le ciel et restera visible plus longtemps, un contraste qui résulte de la mécanique céleste qui régit la fin de l’année lunaire.
Son attrait ne se limitera pas à une observation occasionnelle. Les conditions atmosphériques et la coïncidence entre la pleine lune et le périgée offriront une opportunité extraordinaire aux astrophotographes.
La Lune s’approchera à 357 219 kilomètres, une distance qui augmentera sa taille apparente de 8 % par rapport à une pleine lune moyenne et sa luminosité d’environ 16 %.
Cette augmentation ne transforme pas radicalement le paysage nocturne, mais elle permet des prises de vue plus nettes et plus détaillées, surtout dans un ciel froid et sec.
Une super lune qui combine des cycles longs et des positions extrêmes

Dans l’hémisphère sud, la Lune sera très basse sur l’horizon, avec des teintes dorées ou rougeâtres causées par la réfraction atmosphérique et l’illusion lunaire.
L’explication de ce caractère « extrême » provient d’un processus peu connu en dehors de l’astronomie académique. L’orbite lunaire est non seulement ovale, mais également inclinée et soumise à des mouvements à long terme qui modifient la hauteur maximale et minimale atteinte par la Lune dans le ciel.
Tous les 18,6 ans, un standstill se produit, un cycle qui marque ses positions les plus éloignées vers le nord et vers le sud. En 2024 et 2025, un standstill majeur se produit, étape au cours de laquelle les déclinaisons de la Lune deviennent plus prononcées.
Dans ce contexte, la pleine lune de décembre 2025 apparaît au point le plus extrême du cycle : sa position sera la plus haute de l’année dans l’hémisphère nord et la plus basse dans l’hémisphère sud. Cette différence ne résulte pas de facteurs locaux, mais du ballet orbital Terre-Lune-Soleil qui modifie les angles et les trajectoires.
C’est pourquoi décembre 2025 marque une limite temporelle. La prochaine pleine lune avec une configuration comparable n’arrivera qu’en 2042, lorsque le standstill replacera le satellite dans des positions extrêmes avec un périgée très proche. D’ici là, il y aura des super lunes, mais aucune n’aura cette combinaison de hauteur, de luminosité, de proximité et de synchronisation avec le cycle de 18,6 ans.
À cette dynamique s’ajoute un autre élément déterminant : la forme ovale de l’orbite lunaire. La Lune effectue sa révolution autour de la Terre sur une trajectoire qui varie entre son point le plus proche (périgée) et son point le plus éloigné (apogée). Elle ne suit pas toujours la même trajectoire en raison de la précession de son orbite et de l’influence gravitationnelle du Soleil.
Ce jeu orbital fait que la coïncidence exacte entre le périgée et la pleine lune est rare. Ce n’est que lorsque ces deux événements se produisent simultanément qu’une super lune se forme.
Il y a environ 13 périgées par an. Cependant, en raison de la précession de l’orbite lunaire, l’ovale ne suit pas toujours la même trajectoire, de sorte que la synchronisation des périgées ne coïncide pas exactement avec le cycle lunaire.
De plus, la distance du périgée varie également considérablement en raison d’autres facteurs, tels que l’attraction gravitationnelle du Soleil et la relation changeante à long terme entre la Terre et la Lune. À ses périgées les plus proches, la Lune peut apparaître jusqu’à 30 % plus grande et 14 % plus brillante dans le ciel.
La super lune froide du 4 décembre sera la plus proche depuis avril 2020, à l’exception de la super lune de Beaver de novembre 2025, qui sera légèrement plus proche. Néanmoins, décembre réunira des conditions astronomiques supérieures en termes de hauteur, de visibilité, de durée du phénomène et de contraste de couleur à l’horizon.
Techniquement, une super lune est une syzygie, mot qui désigne l’alignement direct entre la Terre, la Lune et le Soleil. Cette disposition permet à la pleine lune d’apparaître exactement à l’opposé du Soleil, raison pour laquelle son lever coïncide avec le coucher du Soleil.
Depuis n’importe quel point de la planète, le satellite émergera à l’horizon oriental alors que le ciel conserve encore une lumière crépusculaire, une situation idéale pour obtenir des images avec un contraste équilibré entre le paysage et le disque lunaire.
Un spectacle astronomique chargé d’histoire, de tradition et de science

Depuis des siècles, chaque pleine lune reçoit des noms associés à des phénomènes saisonniers ou à des activités des peuples autochtones. Décembre ne fait pas exception. Les peuples de l’hémisphère nord ont enregistré son arrivée sous le nom de Lune de la longue nuit, Lune avant Yule ou Lune froide, une appellation qui provient du lien entre cette phase lunaire et le début des températures les plus basses.
Dans certains pays, des expressions tirées de l’Almanach du Vieux Fermier ont été utilisées, telles que « Lune des arbres qui craquent », qui évoquent le craquement des branches gelées. D’autres groupes l’ont reconnue comme « Lune où les cerfs perdent leurs bois » ou « Lune du créateur de l’hiver ». Chaque nom résumait un fragment du calendrier naturel qui guidait la vie agricole et sociale.
La tradition ne se limite pas à l’hémisphère nord. Dans le sud, il existe des noms associés à l’été, tels que « Lune de miel » ou « Lune des fraises », utilisés dans certaines communautés rurales pour marquer le début de la saison chaude et les périodes de récolte. Cette superposition de références culturelles résulte de la différence saisonnière entre les deux hémisphères : lorsque le nord connaît de longues nuits et des températures inférieures à zéro, le sud connaît de longues journées et de la chaleur.
La science moderne a trouvé une explication claire à la position élevée de la Lune froide dans l’hémisphère nord. Le Soleil atteint son point le plus bas de l’année pendant le solstice d’hiver du 21 décembre, de sorte que la pleine lune, située exactement à l’opposé dans le ciel, se trouve à son point le plus haut. Ce contraste amplifie l’effet visuel du satellite, qui s’élève plus haut qu’à tout autre moment de l’année. En 2025, cette position extrême coïncidera avec la phase la plus intense du grand standstill, ce qui augmentera encore davantage la hauteur inhabituelle du phénomène.
Ceux qui observeront la Lune depuis les latitudes australes verront l’effet inverse. Le satellite restera près de l’horizon, où l’atmosphère filtre la lumière et produit des teintes rougeâtres ou orangées. Ce changement de couleur ne résulte pas de variations réelles à la surface de la Lune, mais de l’interaction entre la lumière et les couches d’air qu’elle traverse. Il en résulte un disque apparent plus grand et plus chaud, idéal pour les photographies qui intègrent le paysage et le ciel.
La coloration ne sera pas le seul attrait. L’horizon bas permet également de combiner la Lune avec des éléments architecturaux, des montagnes, des côtes ou des arbres, ce qui est très apprécié des photographes. Même les personnes équipées de téléphones portables pourront obtenir des images de qualité grâce à la luminosité renforcée du satellite et au ciel froid, qui réduit l’humidité et améliore la transparence atmosphérique. En termes simples, le mois de décembre réunit les conditions qui multiplient les chances de capturer l’un des meilleurs levers de Lune de ces dernières années.
Les amateurs d’astronomie auront plusieurs occasions d’observation. Bien que la Lune soit « officiellement pleine », la vue la plus impressionnante apparaîtra à l’aube ou au crépuscule de chaque région, lorsque le disque touchera l’horizon et montrera sa plus grande taille apparente. Le 5 décembre, un jour après la pleine lune exacte, sera également exceptionnel, en particulier pour ceux qui souhaitent essayer des jumelles ou des télescopes pour débutants.
La Lune froide de 2025 nous rappellera que même des événements fréquents comme une pleine lune peuvent se transformer lorsque des cycles longs, des positions extrêmes et des distances minimales convergent.
Le ciel nocturne dévoilera un spectacle qui ne se reproduira pas avant près de deux décennies. Il appartiendra à ceux qui l’observeront de profiter d’une nuit qui alliera science, tradition et une beauté qui ne passe jamais inaperçue.
