Dans toute rencontre sociale, qu’il s’agisse d’un repas entre amis ou d’une conversation improvisée dans la file d’attente du supermarché, certaines personnes semblent naviguer dans les conversations avec une totale aisance, passant naturellement d’un sujet à l’autre. Cependant, d’autres ont plus de difficultés à établir le contact, à choisir le bon sujet ou à lire les signaux sociaux qui indiquent si leur interlocuteur est intéressé ou mal à l’aise. Ce contraste n’est pas nécessairement lié à l’intelligence ou à la timidité : il résulte souvent de différences dans les compétences sociales acquises au cours de la vie.
Les conversations des personnes ayant de faibles compétences sociales

Conversations répétitives : signes d’insécurité
L’une des conversations les plus courantes entre les personnes ayant de faibles compétences sociales est celle qui tourne autour des plaintes. Parler de la circulation, du temps, du fait que tout est cher ou que la journée se passe mal semble, à première vue, être un moyen facile de briser la glace. Cependant, lorsque ce recours est utilisé à tout bout de champ, il transmet un sentiment de négativité et peut rapidement épuiser l’interlocuteur.
Selon des recherches citées par AGS Psicólogos de Madrid, la répétition de discours négatifs est étroitement liée à des biais cognitifs qui font qu’une personne perçoit la réalité comme plus menaçante ou frustrante qu’elle ne l’est en réalité. Dans une conversation, cela devient une béquille qui rassure, mais qui empêche d’avancer vers des liens plus riches.
Ne parler que de soi-même
Un autre schéma fréquent est la conversation centrée exclusivement sur le « moi ». Il ne s’agit pas d’égoïsme, mais d’une réponse automatique face à l’anxiété : parler de soi-même est plus prévisible que de poser des questions ouvertes. Les personnes ayant de faibles compétences sociales ont tendance à ne pas capter les signes d’ennui de l’autre ou ne savent pas équilibrer la conversation.
L’autoréférentialité continue apparaît lorsqu’il manque de confiance pour s’aventurer en terrain inconnu, ce qui inclut l’écoute active, l’improvisation ou le fait de montrer sa vulnérabilité émotionnelle.
Conversations excessivement littérales
Les compétences sociales permettent d’interpréter les ironies, les métaphores, les blagues subtiles ou les commentaires indirects. Lorsque ces compétences sont moins développées, les personnes ont tendance à aborder des sujets de manière très littérale, en se basant sur des faits concrets et sans nuances. Il est courant d’entendre des questions routinières telles que « Comment ça va au travail ? », « Qu’as-tu fait hier ? » ou « As-tu vu les informations ? » répétées encore et encore, même si la situation exige un ton plus détendu. Ce n’est pas un manque d’intérêt : c’est un manque d’outils pour évaluer le niveau émotionnel de l’interaction.
Conversations refuge : le prévisible face à l’inconnu
De nombreuses personnes ayant peu de compétences sociales préfèrent les conversations structurées. C’est pourquoi elles ont tendance à parler d’horaires, de procédures, de la manière dont les choses doivent être faites ou de ce qui est « bien » ou « mal ». C’est une façon de se sentir en contrôle. Ce type de sujets apporte un sentiment de sécurité car il ne nécessite pas d’interpréter les émotions des autres. Le problème est qu’ils peuvent sembler rigides ou peu spontanés pour les autres.
Se réfugier dans des sujets impersonnels
Des sujets tels que la météo, la télévision généraliste, la circulation ou les prix reviennent constamment. Ils sont sûrs, universels et n’impliquent pas d’en dévoiler trop sur soi-même. L’inconvénient est qu’ils ne permettent pas de créer de lien et peuvent donner l’impression que la personne n’a pas d’intérêts propres ou n’ose pas les partager.
Comment améliorer ces dynamiques conversationnelles

Un moyen efficace d’élargir la conversation consiste à remplacer les questions fermées (« Tout va bien ? ») par d’autres qui invitent à s’ouvrir (« Qu’est-ce qui a été le plus intéressant dans ta journée ? »). Cela allège la pression de devoir constamment parler de soi.
Pratiquer l’écoute active
Regarder l’autre personne, acquiescer, reformuler ce qu’elle a dit et faire des commentaires en rapport avec son récit améliore la qualité de l’interaction et réduit le sentiment de maladresse dans la conversation.
Élargir ses propres sujets sûrs
Avoir deux ou trois sujets plus personnels — un passe-temps, un film récent, un petit projet — ajoute de la variété et permet à la conversation de se dérouler plus naturellement.
