Pendant des siècles, les grands voyages océaniques ont porté des noms propres tels que Shackleton, Earhart, Cousteau, Cook, Magellan. Aujourd’hui, cette liste pourrait s’enrichir d’un protagoniste auquel personne ne s’attendait, ni plus ni moins qu’un robot sous-marin. Il n’a pas de boussole à la main ni d’équipage derrière lui, mais il a une mission digne des anciens explorateurs, car ce nouvel aventurier mécanique aura pour tâche de faire le tour de la planète et de percer les secrets de l’océan.
Un nouvel explorateur sous la mer

Il s’appelle Redwing et c’est un véhicule autonome de deux mètres et demi de long et 171 kilos ; il est né de la collaboration entre l’université de Rutgers et Teledyne Marine.
Il a commencé son périple il y a un mois, suivant le même itinéraire que Magellan il y a cinq cents ans, passant par Grande Canarie, la Nouvelle-Zélande, les Malouines et peut-être le Brésil avant de revenir à Cape Cod, parcourant ainsi au total quelque 73 000 kilomètres en cinq ans.
Mais ce voyage n’est pas une aventure romantique visant à commémorer les itinéraires des aventuriers du passé, mais une mission scientifique.
En effet, au fur et à mesure que cet aventurier du futur avance, il recueille des données sur la salinité, la température et la profondeur de l’océan, envoyant ces informations par satellite toutes les quelques heures.
Il suit également les animaux marins marqués électroniquement, tandis que cinquante étudiants de Rutgers suivent son parcours depuis la terre ferme, comme s’ils accompagnaient un explorateur qui ne dort jamais.
À bord, il transporte un petit laboratoire entièrement équipé de capteurs capables de mesurer la conductivité, la température et la densité de l’eau, ainsi qu’un altimètre qui évite les collisions avec le fond marin et des systèmes de navigation combinant une boussole et un GPS.
À cela s’ajoutent les communications par satellite et le moniteur de faune développé par l’université de Dalhousie, qui détecte les requins, les baleines et autres animaux marqués.
Et pourtant, cet équipement est modeste par rapport au difficile voyage qui l’attend. En effet, Redwing devra éviter les tempêtes, les filets de pêche, les bateaux et les animaux curieux, tout en faisant face au biofouling, cette couche d’organismes qui adhèrent à la coque et peuvent ralentir sa progression.
Malgré tout, il effectuera le tour du monde avec une seule recharge, et même si cela semble impossible, il y parviendra car il ne navigue pas comme un sous-marin traditionnel, mais est en réalité un planeur sous-marin.
En d’autres termes, au lieu d’hélices, il utilise un piston hydraulique qui modifie sa flottabilité. Lorsque le piston appuie sur une vessie remplie d’huile, le véhicule devient plus dense que l’eau et descend.
À environ mille mètres, le piston se rétracte et Redwing remonte. Il avance ainsi en décrivant un mouvement en dents de scie, profitant également des courants marins pour se déplacer avec une efficacité extraordinaire.
Redwing fait en effet partie d’une nouvelle génération de robots océaniques qui élargissent notre connaissance de l’océan.
Il est donc possible que dans quelques années, le nom de ce nouvel aventurier robotique figure aux côtés de ceux des grands explorateurs du passé.
