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Les actifs protégés recommandés par les banques privées pour faire face à une année 2026 incertaine

Les marchés boursiers mondiaux ont atteint des sommets historiques, mais le spectre d’une bulle technologique susceptible d’entraîner l’économie dans son sillage, l’incertitude sur les taux d’intérêt, les effets des décisions erratiques de Trump et la montée des populismes interventionnistes ont mis les investisseurs en garde. Dans ce contexte, les souscriptions nettes de fonds d’investissement se concentrent de plus en plus sur des produits à faible risque, tels que les titres à revenu fixe à différentes échéances.

5 actifs refuges en cas de tempête : où transférer son argent en 2026 ?

La prudence s’impose et l’argent est dirigé vers des actifs traditionnellement considérés comme sûrs, ou presque. Dix entreprises ont répondu aux questions de CincoDías concernant les moyens de protéger son patrimoine si la volatilité s’aggrave dans les prochains mois. Outre les fonds d’investissement les plus conservateurs — obligations à court terme et dépôts bancaires — les experts soulignent cinq grandes catégories d’actifs à considérer comme valeurs refuges : les métaux précieux comme l’or, la dette souveraine, les obligations bancaires et d’entreprises, les devises et l’immobilier.

L’or fait l’unanimité parmi les experts, même s’il atteint des sommets historiques après avoir bondi de plus de 60 % cette année. Ajusté à l’inflation, il n’a jamais été aussi cher. Il reste un actif fétiche dont la demande ne s’explique ni par sa valeur industrielle ni par son statut de bien de luxe. Toutefois, certains experts, comme Óscar del Diego (Ibercaja Gestión), préviennent qu’à court terme, l’or pourrait connaître des corrections après les épisodes récents de forte spéculation. Juan Luis García Alejo (Andbank Wealth Management) souligne pour sa part que, bien que présent dans ses portefeuilles, l’or est recommandé avec prudence aux investisseurs non professionnels en raison de sa forte volatilité.

Alfonso García Yubero (Santander Private Banking) ajoute que la hausse du métal précieux est également alimentée par les achats réalisés via les ETF. Il considère également les sociétés minières cotées comme une autre façon d’accéder à ce marché, avec des valorisations encore attractives malgré leur revalorisation annuelle. Dans un contexte de transition énergétique et de développement des infrastructures liées à l’intelligence artificielle (IA), il met aussi en avant le potentiel de l’argent.

Juan Carlos García (Sabadell) rappelle que l’or et l’argent sont des valeurs sûres face aux risques extrêmes, sans risque de contrepartie ni exposition politique. Pour l’équipe de Tressis, l’or conserve un potentiel d’appréciation à l’horizon 2026, notamment en raison de politiques monétaires plus expansionnistes attendues aux États-Unis.

Araceli de Frutos (EAF 107, Alhaja Inversiones) souligne un facteur supplémentaire : la forte demande de la part des banques centrales, en particulier en Chine et en Inde.

Marché obligataire : la France au centre des stratégies d’investissement

L’instabilité politique française a conduit la dette souveraine du pays à offrir un rendement supérieur à celui de plusieurs pays comparables de la zone euro, créant une opportunité selon Juan Luis García Alejo : « La France, en portant les actifs à échéance, offre un rendement en euros prévisible et attractif ». L’obligation française à dix ans offre un rendement de 3,5 %.

Miguel Ángel Rico (Creand Asset Management) souligne que certains portefeuilles incluent également des dettes souveraines à long terme des États-Unis et de l’Allemagne à titre de protection. Santander Private Banking privilégie les obligations américaines et celles de pays périphériques de la zone euro, plutôt que celles de l’Allemagne ou de la France, estimant qu’elles offrent un carry plus intéressant et un contrôle réglementaire moins strict.

Miguel Ángel García (Diaphanum) considère aussi que la dette souveraine de certains pays de la zone euro permet de tirer parti de l’écart avec l’Allemagne, mais préfère des obligations à faible durée, estimant que le risque du long terme n’est pas compensé.

En termes de protection pure, l’Allemagne — avec un rendement de 2,8 % sur le bund à 10 ans — et les États-Unis (4,1 % mais avec un risque de change) constituent les références, selon Ricard Vidal (EDM).

L’éventail obligataire est large, incluant des obligations bancaires au degré de protection variable (senior, subordonnées ou AT1/Tier 2) et des obligations d’entreprises de différents niveaux de notation.

Le directeur de Santander Private Banking rappelle que le concept d’actif refuge évolue : les obligations de longue durée ne protègent plus autant qu’entre 2000 et 2020, notamment en raison de la détérioration des finances publiques. Il privilégie désormais les obligations hypothécaires et les obligations d’entreprises de qualité (investment grade).

Chez Diaphanum, on note que malgré des écarts historiquement faibles, les obligations d’entreprises offrent des rendements supérieurs à leur moyenne historique : un argument pour les inclure dans les portefeuilles, avec une préférence pour les émetteurs européens de haute qualité.

Les obligations AT1 (« cocos ») demeurent également un pari chez Creand Asset Management. Par exemple, BBVA a récemment émis un coupon de 5,625 %, tandis que Cajamar et Bankinter ont lancé des émissions Tier 2 avec des coupons respectifs de 4,25 % et 3,125 %.

Devises : un dollar affaibli, un yen sous tension

La spirale baissière du dollar — qui a perdu plus de 10 % face à l’euro depuis début 2025 — résulte en grande partie de la politique tarifaire américaine. Les prévisions pour 2026 anticipent une nouvelle faiblesse. Cette dépréciation est liée à des anticipations d’assouplissement monétaire et à des droits de douane qui nécessitent une monnaie plus faible pour maintenir la compétitivité du pays, selon Araceli de Frutos.

Chez Diaphanum, on estime que le dollar continuera de se déprécier. Le yen, traditionnellement considéré comme une valeur refuge, traverse quant à lui une période fragile : faible croissance, inflation élevée, dette publique dépassant 220 % du PIB et taux directeurs exceptionnellement bas.

À l’inverse, chez Santander Private Banking, on voit dans le yen une meilleure alternative au franc suisse, notamment en cas de retournement du carry trade, comme observé à l’été 2024.

Du côté de Sabadell, on insiste cependant sur la force structurelle de la devise américaine : liquidité et rôle central sur les marchés en font toujours une valeur refuge, malgré les incertitudes politiques.

Le département Stratégies d’investissement de BBVA rappelle que la politique tarifaire américaine a pénalisé le dollar en 2025, mais sans effacer son statut de valeur refuge, la diversification des réserves des banques centrales émergentes ayant joué un rôle plus déterminant.

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