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L’œuf Fabergé orné de 4 500 diamants, cadeau du tsar Nicolas II à sa mère, atteint un prix record

Le dernier tsar russe, Nicolas II, souhaitait offrir un cadeau très spécial à sa mère, l’impératrice douairière Maria Feodorovna, pour célébrer le dimanche de Pâques 1913, la fête la plus importante de l’Église orthodoxe russe. Comme le voulait la tradition, il décida de lui offrir une nouvelle fois l’un des célèbres œufs réalisés par l’orfèvre Carl Fabergé, tant appréciés des membres de la famille impériale russe. La coutume d’offrir des œufs Fabergé à Pâques a débuté dans les années 1880 avec le tsar Alexandre III, et son successeur, Nicolas II, l’a maintenue : chaque année, il commandait au célèbre joaillier deux œufs de Pâques raffinés, afin d’en offrir un à sa femme et un autre à sa mère.

L’Œuf d’hiver : le chef-d’œuvre le plus somptueux de Fabergé

Mais le tsar Nicolas II voulait que l’œuf de 1913 destiné à sa mère soit encore plus spécial, plus opulent et plus spectaculaire que tous les autres œufs créés jusqu’alors par Fabergé. L’orfèvre s’acquitta largement de sa mission. Il créa un œuf délicat de 14 centimètres de haut, sculpté dans du cristal de roche entièrement recouvert de diamants, pas moins de 4 500 diamants taille rose simulant des flocons de neige et montés sur des fils de platine. À l’intérieur, l’œuf cachait un merveilleux secret : un bouquet de fleurs composé d’anémones en quartz blanc, maintenues par des tiges en fil d’or, réunies dans un panier en platine. La conception de la pièce était l’œuvre d’Alma Theresia Pihl, l’une des rares femmes à travailler comme designer chez Fabergé.

L’Œuf d’hiver, comme il fut baptisé, était un véritable prodige de richesse, de maîtrise technique et d’artisanat raffiné en orfèvrerie. Ce n’est pas pour rien qu’il s’agissait de l’œuf le plus cher jamais réalisé par Fabergé. Nicolas II l’avait payé 24 600 roubles en 1913. À l’époque, un ouvrier moyen à Moscou gagnait environ 30 roubles par mois. Même le salaire complet de 68 ans ne lui aurait pas suffi pour s’offrir ce « petit caprice ».

Fabergé, l’un des plus grands orfèvres au monde, a réalisé au total 69 œufs de Pâques entre 1885 et 1917, dont 61 ont été conservés. L’Œuf d’hiver, unanimement considéré comme l’une des plus belles créations du légendaire joaillier de la Russie impériale, a établi mardi un nouveau record. Il a été vendu au siège londonien de la maison de ventes aux enchères Christie’s pour la modique somme de 19,5 millions de livres sterling, soit environ 22 millions d’euros, auxquels il faut ajouter la commission de la salle. L’Œuf d’hiver a ainsi largement dépassé le record établi en 2007 pour un œuf Fabergé, lorsque l’Œuf Rothschild, qui n’avait pas été fabriqué pour la famille impériale russe, avait été vendu pour près de 9 millions de livres sterling à un collectionneur russe.

Un trésor « perdu » : comment un œuf Fabergé, disparu pendant 20 ans, a battu un record lors d’une vente aux enchères

Cinq ans après que Nicolas II eut offert l’Œuf d’hiver à sa mère, en 1918, le tsar et tous les autres membres de la famille Romanov (son épouse, la tsarine Alexandra, et leurs cinq enfants, Olga, Tatiana, Maria, Anastasia et Alexei) furent exécutés par les bolcheviks. Mais plusieurs œufs de Fabergé leur ont survécu. Sur les 50 œufs créés par le joaillier à la demande des tsars, 43 ont été conservés. Et l’Œuf d’hiver est l’un d’entre eux.

En 1920, après la révolution bolchevique, cet œuf si particulier a été transféré de Saint-Pétersbourg à Moscou. Et comme beaucoup d’autres œufs impériaux, il a été vendu par le gouvernement soviétique. Il a été acheté en 1929 par un joaillier londonien nommé Wartski, qui l’a conservé jusqu’en 1933. Par la suite, l’Œuf d’hiver a fait partie de plusieurs collections britanniques, mais à partir de 1975, on a perdu sa trace et il a été considéré comme perdu. « Pendant 20 ans, les spécialistes l’ont perdu de vue. Ce n’est qu’en 1994 qu’il a été redécouvert et apporté chez Christie’s pour être vendu à Genève », explique Margo Oganesian, directrice du département d’art russe de la maison de ventes aux enchères Christie’s.

Huit ans plus tard, en 2002, l’Œuf d’hiver a de nouveau été vendu au plus offrant, atteignant un prix de 9,6 millions de dollars à New York. Et 23 ans plus tard, ce mardi, il a établi un nouveau record, en se vendant pour environ 22 millions d’euros.

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