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« Tout m’énerve » et « Rien ne me rend heureux ». Vous aussi ? Psychologue : ce sont des signes typiques

Beaucoup d’entre nous souffrent psychologiquement sans pouvoir identifier les sources et les causes de cette souffrance. Tout ce que nous ressentons, c’est de l’anxiété et ses manifestations physiques : sensation d’oppression dans la gorge, tension dans le ventre, nœud à l’estomac, maux de tête ou problèmes respiratoires, ou encore des émotions connexes telles que la tristesse (« Il suffit de peu pour que je me mette à pleurer »), la peur (« Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai tout le temps peur que quelque chose de mauvais arrive »), la colère (« Tout m’énerve »), la honte (« Il suffit que quelqu’un me regarde pour que j’aie envie de disparaître ») ou la culpabilité (« J’ai l’impression que c’est toujours moi qui suis responsable de tout »).

Les différentes formes d’anxiété dans le trouble borderline

Outre l’anxiété générale qui caractérise tous les troubles de la personnalité dans lesquels les mécanismes de défense ne fonctionnent pas correctement, les personnes atteintes de trouble borderline éprouvent également des types d’anxiété spécifiques :

✔ peur de perdre des personnes importantes, leurs biens et leur sentiment de sécurité ;

✔ peur d’être abandonné ;

✔ d’être violées par les autres ;

✔ de ne pas être assez bonnes ;

✔ de l’omnipotence.

Borderline, ou personnalité limite (en anglais Borderline Personality Disorder, BPD), est un trouble de la personnalité caractérisé par une instabilité émotionnelle, une impulsivité et des difficultés dans les relations interpersonnelles.

Nous utilisons des mécanismes de défense pour contenir et, si possible, réprimer complètement nos peurs. Le plus souvent, nous le faisons inconsciemment. La diversité des traits de caractère humains se manifeste le mieux dans les différentes formes de notre armure psychique. Nous recourons à divers comportements pour gérer au mieux nos peurs.

Humeur instable et tendance à se mettre facilement en colère

Francis est convaincu que certaines choses se répètent sans cesse dans sa vie. En particulier ses échecs, même s’il estime qu’ils ne sont pas de sa faute. C’est le destin qui en a décidé ainsi, il n’y a rien pu faire. Apparemment, c’était la volonté divine. Ou peut-être est-ce l’œuvre d’un démon, d’un génie ou d’une malédiction jetée sur lui dans son enfance par sa méchante belle-mère qui le persécute.

Enfant, Francis se considérait comme un « vilain petit canard ». Convaincu de son incapacité à agir, il attribue tout à son mauvais karma pour justifier ses peurs et son incapacité à les surmonter.

Pierre, 50 ans, a une femme et deux enfants adolescents. Il est généralement calme et réservé, tant à la maison qu’au travail, où il dirige une équipe d’environ 15 personnes. Malgré cela, ses subordonnés ont été témoins de plusieurs situations dans lesquelles Pierre se mettait dans une colère incontrôlable : il se mettait soudainement à crier, à insulter et à menacer son interlocuteur. La violence de cette explosion de colère était sans commune mesure avec la futilité qui avait provoqué sa réaction. Après l’incident, Pierre s’enfermait dans son bureau et ne réapparaissait que le lendemain pour présenter ses excuses à la personne avec laquelle il s’était disputé. Ses collègues l’ont également vu, dans certaines situations, pâlir soudainement, serrer les dents et disparaître rapidement dans son bureau.

Pierre a également des accès de colère à la maison. Ils sont de plus en plus fréquents depuis que l’un de ses enfants, qui traverse actuellement une période de rébellion adolescente, a commencé à le provoquer. Sa femme dit que lorsqu’ils se disputent, elle a l’impression de regarder deux adolescents fous se battre. Elle ajoute qu’au fil du temps, l’attitude de Pierre envers son enfant a changé. Pierre lui accorde de moins en moins d’attention, même lors d’activités familiales agréables. Il ne joue plus le rôle d’un père qui devrait fixer des limites, interdire ou punir si nécessaire. « Il se comporte comme s’il s’était complètement retiré », dit sa femme.

L’une des principales caractéristiques de la personnalité borderline est la tendance à passer rapidement à l’action, en particulier à des actions agressives, sous l’influence d’émotions extrêmes. Cette instabilité de l’humeur est le résultat d’une réactivité émotionnelle très intense, qui peut se manifester, par exemple, par des épisodes de dysphorie, d’irritabilité ou d’anxiété, des états qui durent généralement quelques heures et, dans de rares cas, quelques jours au maximum.

L’exemple de Pierre nous a montré que les personnes « borderline » connaissent des accès de colère intenses et inadaptés à la situation, qu’elles ont du mal à contrôler. Si cette colère est réprimée pendant longtemps, elle peut conduire à une humeur constamment déprimée, voire à de l’irritabilité ou à une nervosité permanente.

Lorsque les personnes borderline se trouvent dans des relations qui ne répondent pas à leurs attentes, elles commencent à ressentir une frustration constante, que les autres perçoivent simplement comme de la « mauvaise humeur ». Cette colère les pousse à se disputer avec leur entourage, voire parfois à commettre des actes de violence. Les difficultés générales à contrôler ses émotions se manifestent le plus souvent par des accès de colère soudains, qui surviennent sans raison apparente ou sont disproportionnés par rapport à la situation.

Lorsque la colère passe, un sentiment de désolation apparaît. Des pensées surgissent dans notre tête, telles que « cette personne va certainement nous détester, il vaut mieux rompre tout contact avec elle. Jusqu’à présent, elle ne se rendait tout simplement pas compte à quel point nous étions méchants. Elle va nous rejeter, dire du mal de nous… Elle devient dangereuse, il faut donc l’éviter.

Se protéger de la douleur

Les difficultés à réguler les émotions caractéristiques de la personnalité borderline concernent également les sentiments positifs. Un geste chaleureux ou un mot gentil peuvent être très émouvants. Une forte émotion apparaît alors, qui se manifeste souvent par des larmes de joie. Cela provoque la confusion de l’entourage, qui ne sait pas comment interpréter une réaction aussi vive.

Ce mécanisme émotionnel peut être décrit comme suit : une personne atteinte de ce type de trouble a généralement une faible estime d’elle-même, elle s’attend donc à être rejetée par les autres. Pour se protéger de la douleur, elle limite ses relations avec les autres au minimum.

Lorsque quelqu’un lui témoigne des sentiments positifs, auxquels elle aspire profondément, elle commence à ressentir à la fois du bonheur et de la souffrance, car elle est consciente que cet amour et cette chaleur lui manquent généralement beaucoup. C’est précisément cette souffrance qui provoque ce que l’on appelle des larmes de joie.

Les difficultés à réguler ses sentiments sont perceptibles pour les autres lorsque des émotions inappropriées s’immiscent de manière inattendue dans les conversations quotidiennes. Comme nous le savons déjà, il peut s’agir aussi bien de colère que de sentiments positifs, mais aussi de peur, de tristesse ou de honte — leur apparition soudaine change complètement le ton de la conversation. Cela se produit même dans le milieu professionnel ou lors de discussions intellectuelles, où, selon les normes sociales, il ne faut pas montrer d’émotions excessives.

Si vous êtes presque constamment submergé par des émotions aussi fortes, elles peuvent provoquer une crise qui vous poussera à rompre tout contact avec les autres. Elles peuvent également conduire à une nouvelle explosion de colère. Dans ces moments-là, vous pouvez vous sentir aliéné et impuissant, car ces réactions disproportionnées provoquent un malaise, tant chez vous que chez les autres. En étant trop émotifs, nous devenons persona non grata à nos propres yeux et à ceux des autres.

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